Vente de l'entreprise : qui paie la cotisation foncière des entreprises ?
- A l’occasion de la vente d’une entreprise ou d’un fonds de commerce peut se poser la question du redevable de la cotisation foncière des entreprises (CFE) due au titre de l’année de la vente.
Est-ce le vendeur ou l’acquéreur ?
Définition de la CET
Pour mémoire, rappelons tout d’abord que la cotisation foncière des entreprises (CFE) constitue, avec la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), les deux composantes de la contribution économique territoriale (CET) qui a remplacé depuis 2010 la taxe professionnelle. Cette CFE, qui concerne l’ensemble des entreprises (sous réserve toutefois d’exonérations temporaires ou permanentes possibles, sous conditions), a pour objet de taxer la valeur locative des biens passibles d’une taxe foncière (ce qui existait déjà sous l’égide de l’ancienne taxe professionnelle).
La « base d’imposition »
Pour déterminer la base de calcul de cette CFE, on retient la valeur locative des biens passibles d’une taxe foncière (les propriétés bâties et non bâties comme les terrains par exemple), cette valeur étant calculée de la même manière que pour l’établissement de la taxe foncière. Sont pris en compte, non seulement les biens dont l’entreprise a la propriété, mais également ceux dont elle est locataire ainsi que ceux qu’elle prend en crédit-bail ou ceux qui sont mis à sa disposition. Lorsque l’entreprise n’a aucun bien taxable, elle est redevable d’une cotisation minimum.
La « période de référence »
Toujours pour déterminer le montant de la CFE, on tient compte d’une période de référence : cette période est constituée par l’avant-dernière année civile (N- 2) précédant celle de l’imposition ou le dernier exercice de 12 mois clos au cours de cette même année lorsque cet exercice ne coïncide pas avec l’année civile. En pratique, 3 situations sont à distinguer :
soit l’exercice social de 12 mois clos en N-2 coïncide avec l’année civile : vous tenez compte des biens à la disposition de l’entreprise au 31 décembre N-2 ;
soit l’exercice social de 12 mois clos en N-2 ne coïncide pas avec l’année civile : vous tenez compte des biens à la disposition de l’entreprise à la date de clôture de l’exercice ;
soit il n’y a pas d’exercice social de 12 mois clos en N-2 : vous tenez compte des biens à la disposition de l’entreprise au 31 décembre N-2.
Si vous cessez toute activité, vous n’êtes pas redevable de la CFE pour les mois restant à courir pour l’établissement concerné (sauf si vous cédez votre entreprise ou si vous transférez votre activité).
Paiement de la CFE en cas de changement d’exploitant
L’année du changement, vous devez distinguer 2 situations
si la vente de l’entreprise ou du fonds de commerce intervient en cours d’année, le vendeur reste imposé pour l’année entière et l’acheteur n’est pas imposable ;
si le changement prend effet au 1er janvier, le nouvel exploitant est imposé sur les bases relatives à l’activité de son prédécesseur ; toutefois, lorsque le changement ne porte que sur une partie de l’activité exercée et dès lors que les éléments cédés constituent un établissement, le nouvel exploitant n’est imposé que sur les bases correspondant aux éléments acquis et le cédant, sauf cessation complète d’activité, reste imposable sur les éléments de l’activité poursuivie.
Si l’acte de vente prévoit que tout ou partie de la cotisation foncière des entreprises sera à la charge de l’acquéreur, il faut savoir que cette convention ne produit pas d’effet vis-à-vis de l’administration fiscale : pour cette dernière, le redevable légal demeure le cédant, qui sera le seul débiteur qu’elle poursuivra en cas de défaut de paiement.
Les années suivantes
Pour les deux années suivant l’année du changement, le nouvel exploitant est imposé de la manière suivante : la base de sa CFE est constituée des biens dont il a eu la disposition pour les besoins de son activité au 31 décembre de sa première année d’activité.
;
- Déclarations 1447-C-SD
En cas de changement d’exploitant, une déclaration provisoire (n° 1447-C-SD) doit être fournie par le nouvel exploitant avant le 1er janvier de l’année suivant celle de la création ou du changement. Si vous êtes l’acquéreur, vous devez déclarer les éléments qui vont servir de base d’imposition à la CFE, autrement dit, en pratique, mentionner :
les renseignements d’identification de l’entreprise,
l’origine de l’établissement (s’il s’agit d’une création, d’une reprise, d’un transfert, etc.),
les renseignements relatifs à l’ancien exploitant,
les éléments d’identification des biens passibles d’une taxe foncière (nature, adresse, situation, superficie, occupant précédent, affectation, etc.),
les éventuelles exonérations ou abattements spécifiques.
On évoque, à tort, le terme de déclaration « provisoire », car, en réalité, cette déclaration ne sera modifiée que dans des hypothèses limitées (uniquement en cas de modification ultérieure de la consistance des locaux servant de base d’imposition ou en vue d’obtenir une exonération spéciale). Il est donc important de renseigner correctement cette déclaration «provisoire ».
Si vous êtes l’ancien exploitant, vous devez informer l’administration de ce changement et en faire la déclaration auprès de votre service des impôts avant le 1er janvier de l’année suivant celle du changement lorsque le changement intervient en cours d’année, ou avant le 1er janvier de l’année du changement lorsque celui-ci prend effet au 1er janvier.
Notez que si ce changement ne porte que sur une partie de l’établissement, vous devez souscrire dans les mêmes délais une déclaration rectificative de vos bases de CFE : il s’agira de compléter une déclaration n° 1447-M-SD qui aura pour objectif de porter à la connaissance de l’administration les changements intervenus qui auront une incidence sur le calcul de la cotisation foncière des entreprises (modification de la surface des locaux, suppression d’un local d’exploitation suite à la cession, éventuelle demande d’une nouvelle exonération, etc.).
Année de création
Il est vrai que la CFE n’est pas due pour l’année de la création. Pour les deux années suivantes, la base d’imposition de votre CFE est constituée par les biens taxables dont vous avez la disposition au 31 décembre de votre première année d’activité. Et pour votre première année d’imposition (en pratique votre 2ème année d’activité), votre base d’imposition est réduite de moitié. N’oubliez pas de remplir une déclaration provisoire n° 1447-C avant le 1er janvier de l’année suivant celle de la création de votre entreprise (par exemple : si vous créez votre activité en 2020, vous devez envoyer cette déclaration à votre service des impôts des entreprises au plus tard le 31 décembre 2020).
Conclusion
En cas de changement d’exploitant du fonds de commerce en cours d’année, la cotisation foncière des entreprises est, par principe, due par le vendeur pour l’année entière ; le nouvel acquéreur ne paiera cette cotisation qu’à compter de l’année suivante.
N’oubliez pas de compléter la déclaration provisoire en cas de création ou de reprise d’un fonds de commerce.
Sources
Articles 1467-A, 1477 et 1478 du Code Général des Impôts
BOFiP-Impôts-BOI-IF-CFE-30-20
Contact
Contactez-nous
Téléphone
05 61 51 07 36
luccecil.castel@cee-compta.fr
Adresse postale
13 rue paul Charrier 31100 TOULOUSE